Handi-Livres 2014 : Meilleur Roman

Handi-Livres 2014 : Meilleur Roman

L’auteur

Alain Bron est un auteur français, né en 1948 à Tunis. Lauréat de la Bourse de l’Aventure en 1966, il part seul au Sahara et en revient chargé d’expériences qui marqueront toute sa vie littéraire et personnelle. Après des études de mathématiques, il devient cadre dirigeant puis consultant en management ; il se passionnera pour la sociologie d’entreprise sans pour autant renoncer à ses ambitions littéraires. Il rencontre par la suite des grands noms de la psychosociologie et de l’économie politique (Eugène Enriquez, Vincent de Gaulejac, Laurent Maruani), donnant suite à de nombreuses publications : La Gourmandise du Tapir, coécrit avec Vincent de Gaulejac, La Démocratie de la Solitude, avec Laurent Maruan (éditions Desclée de Brouwer). Il a également occupé des postes de dirigeant en France, aux Etats-Unis, en Suisse. En 1998, il publie son premier roman, Concert pour Asmodée, suivi de nouvelles, de chansons et de plusieurs autres romans. Reconnu internationalement dans le domaine des organisations et des systèmes d’information, il voyage dans le monde pour rendre des expertises sur ce qui le passionne : les groupes d’hommes et de femmes au travail.

A noter

Fervent promoteur des arts in situ, Alain Bron préside également la Compagnie du Lac Majeur (théâtre contemporain). Parmi les principales représentations, citons Les Lettres de Toussainte (Nadine Fischer) ou encore Quand même (Danielle Sallenave).

Résumé

Un aveugle clairvoyant, un PDG colérique, des managers à bout de nerfs, des salariés ballottés… les personnages de ce roman sont à la fois victimes, héros et témoins d’un monde concurrentiel sans concession. L’auteur nous les présente à fleur de vie, aussi bien chez eux qu’à leur poste de travail. Il nous fait vivre leurs passions, entrer dans leurs rêves et découvrir peu à peu comment une société florissante peut s’écrouler avec fracas. Certes le roman décrit la violence, l’âpreté et le cynisme industriel, mais il offre également des moments d’humour et de tendresse qui se glissent, silencieusement, dans l’ordinaire d’une tour de bureaux. Très documenté, le roman agit comme une caméra qui, sous des apparences de neutralité distante, filmerait des plans dévastateurs. Attention, donc, il peut produire des effets dangereux. Après sa lecture, il est à craindre que l’on soit tenté d’envoyer tout promener pour le seul plaisir de cultiver son jardin.

Critique/Avis

Avec ce roman, Alain Bron passe au microscope la vie d’une entreprise actuelle, dans la tourmente, en décomposant les logiques entrepreneuriales et la dimension personnelle de chacun de ses employés. Malgré les tentatives de fronde, les rouages de la mécanique sont bien huilés et les marges de manœuvre des salariés trop étroites pour être efficaces. Les qualités de cette fiction sont plurielles. Vingt-sixième étage interroge sur un ton percutant quelles sont les valeurs d’un système économique et la place que ledit système accorde à la morale. Le choix de l’auteur de confronter les différents points de vue, selon la place occupée dans la hiérarchie, permet d’appréhender avec justesse les motivations qui animent chacun : on n’envisage pas les choses de la même façon si l’on est Gérard Gaillac, redoutable PDG, ou si l’on est Anne, simple assistante en contrat d’intérim. Mais c’est dans les réflexions de Thomas Purcey, non voyant et cadre du service marketing, que la mise en relief des évènements sera la plus pertinente ; sorte de narrateur omniscient, dont la parole est pleine d’acuité, il va être le visionnaire paradoxale d’une catastrophe qu’il pressent, tandis que les autres restent dans l’ignorance. Un roman qui se propose donc d’évaluer les corrélations entre le monde du travail et les vies intimes, avec humour, vivacité et sans complaisance.

L’histoire

Vingt-sixième étage plante son décor chez MMS (Multi Média Services), une entreprise semblable à ses voisines du quartier de la Défense à Paris. Le vingt-sixième étage, sommet de la tour, est occupé par les dirigeants qui font la pluie et le beau temps des vingt-cinq étages inférieurs. Le récit s’ouvre sur un climat de tension avec les « entretiens individuels de performances » ; chaque collaborateur ayant reçu la consigne d’être plus sévère que d’habitude. En effet, l’action de MMS est en baisse et un « dégraissage » de 500 postes se profile. Comment justifier l’injustifiable alors que le résultat annoncé est le meilleur des dix dernières années ? Dans ce contexte, Alain Bron livre la chronique des vies d’une entreprise internationale, sur la période qui va la conduire depuis son apogée à son déclin, selon les différents points de vue de chacun.