Prix Handi-Livres 2016 : Présentation de la catégorie Roman

Prix Handi-Livres 2016 : Présentation de la catégorie Roman

La catégorie « Roman » concerne les œuvres d’imagination, en prose ou dessinée, et dont le héros est une personne en situation de handicap ou dont le thème central traite du handicap.

En 2005, Christophe Beltzung devient le premier lauréat de cette catégorie pour son ouvrage Entre le feutre et la feuille (Editions La Joie de Lire). L'année dernière, le prix a été décerné à Fabienne Thomas pour L'enfant roman (Éditions Passiflore).

Pour cette 11ème édition, 5 œuvres sont en lice pour être à leur tour primées :

  • La surface de réparation de Alain GILLOT (Flammarion)
  • Là-haut de Thierry LEDRU (Éditions AO)
  • Le Roman des papillons de Émilie ESTÉ (Éditions Complicités)
  • L'homme qui n'a pas inventé la poudre de Stéphanie CLAVERIE (Éditions de la Différence)
  • Quand la nuit devient jour de Sophie JOMAIN (Pygmalion)
La surface de réparation de Alain GILLOT

La surface de réparation raconte l’histoire de Vincent, entraîneur de football auprès de jeunes adolescents à Sedan, et qui se définit par un caractère solitaire et misanthrope. Les enfants et lui, malgré son métier,ça fait plutôt deux, même si les jeunes hommes de l’équipe qu’il entraîne forment comme sa deuxième famille : la vraie l’ayant fait souffrir dans son enfance, il a fait le choix de l’éloignement et de rompre les liens. C’est dans ce contexte qu’il voit débarquer un soir sa sœur Madeleine accompagnée de Léonard, son fils de 13 ans. Prétextant une formation à suivre, elle demande à son frère de garder son neveu, au comportement plutôt singulier, pendant quelques jours. Le jeune adolescent, atteint du syndrome d’Asperger, viendra alors bouleverser le quotidien de Vincent, au gré d’une aventure qui permettra aux deux personnages de nuancer leurs certitudes pour retrouver le goût des autres.

Là-haut de Thierry LEDRU

Être au mauvais endroit, au mauvais moment. C’est ce qui est arrivé à Jean, guide de haute montagne, et à sa femme Blandine ce 25 juillet 1995 : alors qu’ils se rendaient tous les deux au Salon du Livre, ils ont compté parmi les nombreuses victimes des attentats du RER B à la station Saint-Michel. Blandine perd la vie, Jean son épouse et une partie de sa jambe gauche est amputée. Un cauchemar supplémentaire pour Jean débute, celui de devoir continuer à vivre : « Il doit trouver une issue. Continuer ainsi est impensable. Il pourrait mettre un terme à l’histoire, cloisonner définitivement le tunnel sordide dans lequel il est tombé, se laissé aspirer par la tentation de la chute, glisser une dalle lourde comme un tombeau au-dessus de sa tête et dès lors ne plus souffrir. » Malgré les premières idées noires, Jean entamera le long parcours de la rééducation qui pour lui sera aussi l’occasion de poser les jalons d’une réflexion nouvelle sur son rapport au monde, sur la place qu’il y occupe alors que tout lui a été enlevé. Une façon pour lui de faire son deuil et de renouer avec sa propre existence, où la montagne jouera comme toujours dans sa vie un rôle régénérateur. Un chemin difficile dans lequel il trouvera le soutien inattendu d’Isabelle, une bibliothécaire auprès de laquelle il réapprendra le geste d’aimer.

Le Roman des papillons de Émilie ESTÉ

Dans la lumière ensoleillée des paysages du Midi, au milieu des lavandes et des lauriers, Constance, les bras chargés de livres fait la connaissance de Charles qui souhaite devenir conservateur de bibliothèque ou archiviste. Dès les premières minutes, une alchimie rapproche les deux jeunes gens. Mais Charles est en situation de handicap moteur et redoute ce qui sera d’abord une barrière : « Il dévoila, sans jamais le nommer, cet amour à peine éclos, encore encoquillé. Ne le rêvait-il pas ? Son âme chantait une jeune fille, sans espoir pourtant. Il savait toutes leurs différences, ce qui les séparait. » Après quelques semaines à se tourner autour, où Constance se fait accompagnatrice de Charles, notamment lors d’un séjour parisien où celui-ci passe des oraux, elle commence alors à le voir sous un jour nouveau. C’est l’heure des premiers émois mais aussi des premiers doutes dans l’esprit de la jeune femme : « Elle se trouvait par moments bienheureuse, confiante, comme en gestation. Avec la foi et la patience naîtrait quelque chose de beau. D’ailleurs, son cœur palpitait, s’emballait follement, elle était essoufflée, émue. Pudique. En elle, des sentiments nouveaux émergeaient de jour en jour. Elle ne les balaya pas. » Constance ne cesse alors d’être tiraillée entre ses sentiments de plus en plus forts pour Charles et les craintes générées par son handicap : comment s’adapter, être l’éternelle accompagnatrice, le regard des autres aussi. Des tergiversations qu’elle pensait pouvoir écarter en s’éloignant de Charles jusqu’à recouvrer ce qui fût pour elle le choix de la liberté : « Et aujourd’hui, elle avait choisi de dire oui. Oui à l’entraide, oui à la bienveillance, oui à la famille de Charles. Oui à la différence, même si celle-ci serait souvent criante, oui au plaisir sans condition, oui à l’amour. »

L'homme qui n'a pas inventé la poudre de Stéphanie CLAVERIE

Sébastien est un jeune homme de 35 ans qui a perdu sa mère et qui vit seul avec son père René, sur l’île d’Oléron. Il voue une passion au jardinage qu’il exerce en tant qu’employé municipal depuis sa majorité ; un ouvrage qu’il prend très à cœur et dans lequel il s’épanouit : « La clé du square, c’est la clé des champs. Il a la sensation d’être son propre chef. Il se présente comme directeur des outils, le patron du matériel, il fait ce qu’il veut comme il veut. » Seulement Sébastien accuse aussi un retard mental depuis le décès de sa mère quand il était un jeune enfant. C’est un contemplatif dans l’âme mais le moindre détail venant perturber ses organisations le déstabilise totalement ; bien que cela reste sans réelles incidences puisque « le petit d’Oléron est habitué aux tempêtes de Sébastien, à ses précipitations soudaines, à ses perturbations que rien n’annonce et qui imposent subitement la fermeture du square. » Puis un jour il fait la connaissance de Barbara qui est en panne de voiture et à qui il vient porter secours. Mère d’un jeune Lucas en rééducation, Barbara est venue sur l’île pour se rapprocher de son fils. La suite on la devine : le début d’une histoire d’amour entre Barbara et Sébastien commence, où chacun des deux viendra apporter son aide à l’autre.

Quand la nuit devient jour de Sophie JOMAIN

À la façon d’un journal intime, cet ouvrage relate le mal de vivre dont souffre Camille, une jeune femme de 29 ans à qui rien ne manque si ce n’est peut-être un nom à poser sur la douleur interne qu’elle ressent chaque jour plus difficilement et qui l’empêche de continuer à vivre. Le récit s’ouvre sur ce témoignage de la souffrance d’une situation intenable, sans douleur physique, mais dont l’intensité est si terrible qu’elle impose à Camille de se résoudre à ce choix radical de préparer son euthanasie assistée en Belgique. Malgré l’absence de « maladie » ou de handicap reconnu comme tel, le lecteur suit au fil des pages la terrible détresse de cette narratrice plongée dans les affres de la boulimie, l’anorexie, l’automutilation et les tentatives de suicide échouées. Une torpeur dont rien ne semble pouvoir la sortir en-dehors de sa propre volonté à disparaître comme étant l’unique solution pour pouvoir être, enfin, « débarrassée » de ce corps dans lequel elle demeure enfermée depuis toujours.