Prix Handi-Livres 2017 : Présentation de la catégorie Mention Spéciale

Affiche du Prix Handi-Livres

Suite à l’appel à candidature lancé en mars dernier par le Fonds Handicap & Société par Intégrance pour l’édition 2017 du Prix Handi-livres, près de 110 ouvrages ont été présentés et 30 ont été choisis dans les 6 catégories en lice. Devant ce choix difficile, le comité de sélection 2017 a décidé de présélectionner 5 ouvrages en plus de la sélection officielle afin de donner une chance supplémentaire à un ouvrage qui sera récompensé dans cette catégorie « Mention spéciale ».

En 2013, c'est Christine Agnès Louise qui avait reçu ce prix pour son ouvrage Relève-toi ! (Publibook). L'année dernière, pour l'édition 2016, le jury avait décidé de récompenser Sylvie Callet et son livre Les murs noirs - Parcours de vie des « jeunes filles incurables » d’Ainay (Les Presses du Midi).

Le jury devra cette année choisir le nouveau lauréat entre les cinq ouvrages suivants :

  • Maladie de Lyme, empoisonnement aux métaux lourds – Non ce n’est pas dans ma tête… ni dans la vôtre de Sophie BENARROSH (Leduc.s Éditions)
  • Confidences d’un pied cassé de Sabine BESANÇON (Treize Avril Éditions)
  • Patients de Grand Corps Malade (Fabien MARSAUD) (Seuil-Points)
  • Le fantôme de Canterville d'Oscar WILDE et réalisé par les élèves du collège Paul Machy de Dunkerque et de l’IME Dunkerque (Éditions François Baudez – Yvelinédition)
  • Celle qui m’a pris mon enfant – L’Épilepsie d'Adel BOUNIF (Les éditions du Net)
Maladie de Lyme, empoisonnement aux métaux lourds – Non ce n’est pas dans ma tête… ni dans la vôtre de Sophie BENARROSH

Via ce troisième témoignage sur son combat contre la maladie de Lyme, Sophie Benarrosh fait un point sur l’avancement de sa guérison et les espoirs qu’elle nourrit aujourd’hui en raison d’un régime alimentaire qui semble lui procurer un nouvel équilibre, même précaire. L’auteure écrit également avoir pu ralentir une dégradation de son état que les antibiotiques rendaient plus violente grâce aux vertus de la phytothérapie. Mais elle poursuit aussi dans ce livre l’important travail d’investigation qu’elle mène pour révéler le lien entre la maladie de Lyme et la destruction de l’organisme provoqué par les métaux lourds. Insistant bien sur le fait que chaque patient réagit différemment à la maladie, l’auteure souligne que son organisme à elle s’est mis à réagir violemment à toute tentative de traitement allopathique ou naturel. Épluchant la littérature scientifique, principalement internationale, sur le sujet, elle est parvenue à identifier une substance qui peut bloquer tout traitement et détruire l’organisme : les métaux lourd, notamment le mercure qui était contenu dans les vaccins jusque dans les années 2000 et dans les amalgames dentaires. L’occasion pour elle de dénoncer une absence totale d’information sur un sujet aux conséquences dramatiques.

Confidences d’un pied cassé de Sabine BESANÇON

Suite à une maladie chronique qui survient lorsque le système immunitaire s’attaque aux cellules de l’organisme et les détruit – plus connue sous le nom de lupus –, Sabine Besançon a été amputée de la jambe droite en 2011. Pendant un an et demi, elle a sillonné les couloirs de deux centres de rééducation : l’Institut national des invalides à Paris et l’hôpital d’instructions des armées de Laveran à Marseille. Elle retrace dans ce récit illustré son parcours de retour à la vie, les nouveaux codes de son existence, une galerie de patients/soignants riche, croquée au fil de sa rééducation en kinésithérapie. Avec ses mots à la fois sensibles, forts, sur un ton cru et plein d’humour, Sabine évoque ce parcours, la souffrance, la douleur, sans sensiblerie et avec humanité. « Avec le kiné, j’entre sur le plateau technique. Une salle entière de modèles vivants, des corps dans tous les sens, des déchirures, des cicatrices, mais pas seulement. Du courage, des rencontres, des rires, un partage… un vrai Kâmasûtra de la guérison ! Discrètement, je sors mon carnet de croquis, l’accueil est favorable : je continue. Saisir l’émotion qui se dégage de la complicité entre soignants et soignés, dessiner ces corps qui parlent et révéler ce huis clos, au fil des portraits et des confidences. »

Patients de Grand Corps Malade

« Je sors tout juste de l’hôpital où j’étais en réanimation ces dernières semaines. On me conduit aujourd’hui dans un grand centre de rééducation qui regroupe toute la crème du handicap bien lourd : paraplégiques, tétraplégiques, traumatisés crâniens, amputés, grands brûlés... Bref, je sens qu’on va bien s’amuser. » Ainsi débute le récit de Fabien Marsaud peu de temps après avoir appris qu’il resterait probablement paralysé à vie suite à un accident survenu au bord d’une piscine pas assez remplie où il chahutait avec des amis. Direction le centre de rééducation pour ce jeune homme âgé d’à peine 20 ans qui raconte son quotidien cloué sur un lit de misère où le moindre geste doit passer par un tiers : boire un verre d’eau, changer de chaîne de télévision, manger, faire pipi, etc. Un an durant, il va lutter, vivant conjointement de petites améliorations et de grandes désillusions, partageant les progrès et les régressions, les siens et ceux de ses compagnons d’infortune ; ces jeunes qui sont déjà dans la galère car « à vingt ans, on n’a rien à faire à l’hosto »… De cette aventure collective au sein du « grand paquebot », comme il nomme le centre, Fabien Marsaud parvint à sortir debout avec une autonomie totalement retrouvée, pour devenir l’artiste que l’on connaît désormais. Avec ce témoignage, il rend hommage à tous ces « parfaits témoins des coups de crasse et des injustices de l’existence. Je les verrai toujours comme des icônes de courage, mais pas un courage de héros, non un courage subi, forcé, imposé par l’envie de vivre. »

Le fantôme de Canterville d'Oscar WILDE et réalisé par les élèves du collège Paul Machy de Dunkerque et de l’IME Dunkerque

Dans cette nouvelle publiée en 1887, Oscar Wilde conte l’histoire d’un fantôme, Sir Simon de Canterville, qui depuis trois siècles hante le domaine de Canterville Chase. Suite à l’achat de ce domaine par un ministre américain voici que le fantôme reprend du service pour pousser les nouveaux occupants à fuir sa propriété. Le lecteur apprend alors que Sir Simon avait assassiné sa femme dans la bibliothèque, à un emplacement marqué par une tâche de sang qui paraît ne jamais vouloir s’effacer. La famille Otis entre donc en possession du domaine et s’installe. Le pauvre fantôme va alors imaginer tous les moyens possibles pour effrayer ceux qu’il considère comme des intrus. Les parents d’abord, en agitant ses chaînes pendant la nuit dans un vacarme infernal jusqu’à se voir gentiment offrir de l’huile par monsieur Otis pour les graisser. Les enfants ensuite, mais déjà les jumeaux imaginent les tours les plus pendables pour irriter le maître des lieux. Mais à mesure que ces tentatives échouent, la jeune Virginia se prend d’affection pour le malheureux fantôme et décide de l’aider à trouver le salut qu’il n’attendait plus.

Avec cet ouvrage, les éditions François Baudez – en partenariat avec l’association Faleac – rendent accessible un grand classique de la littérature à de jeunes enfants (mais aussi des moins jeunes) à partir d’une mise en page qui tient compte des troubles cognitifs : la méthode Facile à lire et à comprendre (FALC).

Celle qui m’a pris mon enfant – L’Épilepsie d'Adel BOUNIF

Dans ce premier recueil, Adel Bounif décline trente-et-un poèmes qui mettent en image le quotidien de sa famille depuis la venue de cette « sorcière » qu’est l’épilepsie et dont sa fille Manel souffre depuis sa naissance. Un besoin d’écrire pour exulter sa peine mais aussi pour sortir de l’isolement dans lequel les familles se retrouvent dans de pareilles circonstances : « Pourquoi ce besoin d’exposition ? Pourquoi s’afficher devant la Nation ? Je n’ai qu’une seule arme, c’est l’écriture. Pour guérir mon arme de ses fêlures. Non, l’épilepsie n’est pas l’œuvre du démon. C’est juste une maladie grave, un véritable poison. J’utilise donc ma plume pour vous alerter. Madame la Ministre, s’il-vous-plaît, réagissez ! » Ses vers évoquent le handicap, bien entendu, mais aussi la discrimination, l’hospitalisation, les difficultés à l’école ou encore la nécessité d’encourager la recherche dans ce domaine. Une situation dans laquelle Manel est la première victime mais qui a également de nombreuses répercussions sur l’équilibre du couple et la gestion du quotidien. Un handicap qu’il décrit finalement comme une double peine pour son enfant : d’une part, le rejet engendré par la différence et, d’autre part, le rejet du fait que cette différence ne se voit pas.