Le prix du Meilleur Livre Jeunesse Adolescent récompense un ouvrage dont le héros est une personne en situation de handicap ou dont le thème central traite du handicap et qui s’adresse spécifiquement aux adolescents âgés de 12 à 18 ans.

L’édition 2014 du Prix Handi-Livres a vu l’apparition de deux catégories consacrées aux livres pour la jeunesse au lieu d’une seule. Le jury décida d’attribuer le premier prix de la nouvelle catégorie « Livre Jeunesse Adolescent » à Marine Carteron pour son livre Les Autodafeurs 1 (Éditions Rouergue Jeunesse). L'année dernière, pour l'édition 2017, c'est Eric Lindstrom qui fut primé pour Dis-moi si tu souris (Nathan).

Le jury devra cette année choisir le nouveau lauréat entre les cinq ouvrages suivants :

• Dacca Toxic de Catherine FRADIER (Au diable vauvert)
• Inséparables de Sarah CROSSAN (Rageot)
• Le foyer de Jan THIRION (Éditions du jasmin)
• Le vieux monde est derrière toi de Sylvie BAUSSIER et Pascale PERRIER (Fleurus)
• Mémoire en eaux troubles de Joëlle VAN HEE (Éditions du jasmin)

Dacca Toxic de Catherine FRADIER

Dans ce deuxième opus des Chroniques lunaires d’un garçon bizarre, le lecteur retrouve Sacha, le héros d’Une petite chose sans importance atteint du syndrome d’Asperger, désormais âgé de 14 ans. Cette fois, il est parti suivre sa mère au Bangladesh, près d’Hazaribagh, un bidonville de Dacca dans lequel s’entassent les tanneries et les abattoirs bangladais. Alors que sa mère est venue travailler pour le compte d’une ONG appelée le Refuge, chargée de la réinsertion des enfants, Sacha fait la connaissance de Sultana, une jeune fille exploitée dans les tanneries et dont le visage a été brûlé au contact de l’acide. Orpheline, la jeune fille ne peut compter que sur Dilip, son frère, qui est aussi la seule famille qui lui reste. Mais lorsque celui-ci s’adresse à Murad Khanam, le directeur de la tannerie, pour obtenir réparation du drame dont sa sœur a été victime, ce dernier les ignore et les renvoie à leur basse condition d’enfants exploités. Sultana, Dilip et Sacha vont alors s’embarquer dans une dangereuse aventure afin de retrouver un carnet secret dans lequel sont consignées les heures réellement travaillées par les enfants des tanneries et des abattoirs. Une quête qui pourrait non seulement sortir le frère et la sœur de leur misère quotidienne mais qui serait surtout susceptible d’attirer l’attention d’une opinion publique ignorante de la terrible réalité des enfants exploités…

Inséparables de Sarah CROSSAN

Grace et Tippi sont deux jumelles siamoises âgées de 16 ans dont la situation financière des parents avait jusqu’ici permis de grandir dans un certain confort, à l’abri des regards de la société sur leur particularité. Mais quand leur père se fait licencier et que la famille doit se serrer la ceinture pour honorer le poids des frais médicaux, les deux sœurs apprennent par leur mère qu’elles vont devoir renoncer à leurs cours à domicile pour intégrer le lycée Hornbeacon Hight. Si la nouvelle est bien accueillie par Grace, Tippi, quant à elle, redoute de s’exposer au mépris des jeunes de son âge et d’être considérée comme un animal de cirque. Grace parvient néanmoins à la convaincre d’accepter ce changement compte tenu des épreuves que traverse l’ensemble de la famille. Malgré des débuts difficiles, les deux sœurs sympathisent très vite avec Yazmeen et Jon, dont Grace tombe aussitôt amoureuse. Dans l’intimité singulière qui est la leur, Grace et Tippi vont éprouver les différences de leurs caractères qui évoluent dans cette enveloppe charnelle qui continue de les unir.

Le foyer de Jan THIRION

Le foyer relate une semaine de la vie de Jean Blanchemain, un jeune garçon de treize ans paralysé des deux jambes et qui s’apprête à intégrer une maison médicalisée de Saïgon. On est en septembre 1945 et le Vietnam, encore colonie française, est à la veille de la guerre d’Indochine (1946 – 1954). Jean est en colère : son père lui manque, il ne supporte pas son infirmité et cette nouvelle vie dans ce centre pour fuir une éventuelle insurrection vietnamienne dans sa ville de Hué ne l’inspire guère plus. Pourtant, dès la première nuit dans ce sombre lieu, un inconnu en cavale échange malencontreusement le livre de la légende arthurienne appartenant à Jean et lui laissant un livre portant sur sa couverture un idéogramme chinois qui, dès les premières minutes, révèle des choses inhabituelles : « ce n’est pas un livre à lire, c’est un livre à rêver » et qui, l’espace de quelques instants, lui permet de se lever. Tandis que les batailles opposant les troupes françaises à l’armée japonaise commencent à faire rage, Jean voit quant à lui son avenir adouci par la magie que procure le livre ; bien que la visite d’officiers dans le foyer qui étaient à la recherche d’un homme et d’un livre laisse présager qu’il n’est pas le seul à en connaître les secrets. Étant la clé de nombreux mystères, le livre entraînera Jean à la rencontre de Lan, une jeune révolutionnaire vietnamienne dont il tombera sous le charme et auprès de laquelle il va prendre conscience de l’immense responsabilité qu’il tient désormais entre les doigts.

Le vieux monde est derrière toi de Sylvie BAUSSIER et Pascale PERRIER

Joël est un jeune homme de 17 ans dont le handicap visuel progresse de plus en plus et qui a du mal à l’accepter. Il est en colère contre cette injustice et souffre de tout ce qui ne lui sera jamais permis de faire. Élève à l’Institut national des jeunes aveugles (INJA) depuis un certain temps, il fait un jour la connaissance de Bruno, qui fait sa rentrée, et de sa sœur Madeleine venue l’accompagner. Madeleine est voyante, pleine de vie et très attentive à son époque et à ses transformations : l’histoire se déroule dans un Paris en proie à tous les bouleversements liés aux événements de Mai 68 et Madeleine rêve de devenir journaliste. Lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois, Joël et Madeleine tombent sous le charme l’un de l’autre mais le garçon se sent bien trop prisonnier de son handicap pour espérer quoi que ce soit. Sans compter que la question se pose de plus en plus que sa petite sœur, Annie, ne souffre de la même chose et que son grand frère, si sportif et si sûr de lui, est également séduit par Madeleine. Grâce à l’association que forment les parents d’élèves mais aussi aux mouvements des valeurs d’une société appelée à renverser tous ses codes, Madeleine va tenter d’apprivoiser les nombreuses craintes de Joël et lui montrer que leur histoire est aussi un moyen de résister aux préjugés.

Mémoire en eaux troubles de Joëlle VAN HEE

Pas facile pour Antonin d’accepter la dégradation de son grand-père atteint par la maladie d’Alzheimer. Et quand celui-ci nécessite d’être placé dans un établissement spécialisé, c’est une régression supplémentaire pour le jeune homme qui va attendre plusieurs mois avant d’aller lui rendre visite, contraint par sa mère. En plus de voir son grand-père physiquement et mentalement diminué, Antonin découvre un lieu particulier, avec ses propres lois, ses odeurs, son personnel et surtout ses « schmouls », c’est-à-dire les patients qui évoluent entre ces murs selon une réalité qui n’appartient qu’à eux. Mais Antonin aime son grand-père et décide d’aller le voir fréquemment, en dépit de ses facultés diminuées et de la perte de son autonomie. Lors de ces visites, Antonin va découvrir que dans ses accès de lucidité, son grand-père tente de se libérer d’un secret enfoui depuis l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Le jeune homme de 15 ans va alors se lancer à la recherche de ce passé, avec à ses trousses le temps que la maladie voudra bien accorder à son grand-père avant de l’emporter.