Prix Handi-Livres 2018 : Meilleur Livre Jeunesse Adolescent

Joëlle Van Hee (à gauche), auteure de l'ouvrage lauréat, et Patrick Chague (à droite), directeur général de la mutuelle Intégrance

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L'auteure

Joëlle Van Hee est née en Belgique en 1961, d’un père flamand et d’une mère ardennaise. Elle a grandi au Zaïre (actuel Congo) et a gardé de son enfance une passion pour l’Afrique, la culture centrafricaine et le goût des voyages ; un intérêt pour l’étranger qui l’a portée dans plusieurs pays (États-Unis, Équateur, Madagscar, Tunisie, Turquie et de nombreux pays d’Europe). Licenciée en philologie germanique, elle enseigne aujourd’hui l’anglais et le néerlandais à Bruxelles. Elle a publié de nombreux livres en plusieurs langues : des romans mais aussi de la poésie, du théâtre, des chansons et des contes. Parmi eux, citons Le chemin bleu (éd. L’Harmattan, 1995), La femme-Eucalyptus (éd. L’Harmattan, 2008) ou encore Le secret de Christina (éd. Averbode, 2013), lauréat du Grand prix Récits-Express de la même année.

A noter

Depuis 2004, Joëlle Van Hee publie également des livres sous le pseudonyme de Jo Vanille (Petites nouvelles drôlement érotiques, Le baiser, etc.). Elle a d’ailleurs ouvert un blog à ce nom (http://www.jovanille.be/), sur lequel on retrouve toutes les actualités de l’auteure.

Résumé

Antonin fait face à quelque chose d’inhabituel. Son grand-père est malade. Alzheimer ! Le vieil homme garde un secret qu’il n’a jamais osé dire à personne. Qu’a-t-il vécu de si terrible pendant la guerre pour qu’il garde le silence si longtemps ? Arrivera-t-il à lui faire partager son secret avant que ses souvenirs disparaissent à jamais ?

Un roman tendre et vrai sur le ton de l’humour, qui met en évidence la complexité des liens familiaux et qui nous fait découvrir des personnages bouleversants d’humanité.

Critique/Avis

Avec Mémoire en eaux troubles, Joëlle Van Hee décrit la magnifique relation qui unit Antonin à son grand-père à l’épreuve de la maladie. Handicap mental très difficile à gérer pour le patient mais aussi pour son entourage, la maladie d’Alzheimer est envisagée du point de vue d’un adolescent de quinze ans qui ne comprend pas au début du récit comment celui qui a été un modèle durant son enfance, un retraité de l’armée, peut ainsi sombrer dans la dégénérescence. On voit successivement Antonin essayer de contourner la dégradation de son grand-père puis finalement l’accepter et tenter d’apprivoiser les transformations auxquelles il assiste, conscient que viendra le jour où ce dialogue sera définitivement rompu : « Je redoute toujours cet instant où je le surprends dans son intimité, replié sur lui-même. Et j'ai toujours un peu peur de le ramener, d'aller le chercher au fond de son coquillage. Parce que je sais, qu'un jour, il refusera d'en sortir. Le monde extérieur n'existera plus. Je n'existerais plus. » Si l’intrigue menée par l’auteur autour du secret enfoui se révèle un peu décevante in fine, le tableau qu’elle dresse sur la maladie d’Alzheimer, les conséquences que cela engendre sur l’entourage et la nécessité de mieux prendre en charge les personnes exposées est tout à fait pertinent, ne serait-ce que dans la description qu’elle fait du centre spécialisé à travers le ressenti d’Antonin. Deux personnages qui ne manqueront pas de susciter la tendresse du lecteur, adolescent mais aussi adulte, dans l’affection qu’ils se portent l’un à l’autre.

L’histoire

Pas facile pour Antonin d’accepter la dégradation de son grand-père atteint par la maladie d’Alzheimer. Et quand celui-ci nécessite d’être placé dans un établissement spécialisé, c’est une régression supplémentaire pour le jeune homme qui va attendre plusieurs mois avant d’aller lui rendre visite, contraint par sa mère. En plus de voir son grand-père physiquement et mentalement diminué, Antonin découvre un lieu particulier, avec ses propres lois, ses odeurs, son personnel et surtout ses « schmouls », c’est-à-dire les patients qui évoluent entre ces murs selon une réalité qui n’appartient qu’à eux. Mais Antonin aime son grand-père et décide d’aller le voir fréquemment, en dépit de ses facultés diminuées et de la perte de son autonomie. Lors de ces visites, Antonin va découvrir que dans ses accès de lucidité, son grand-père tente de se libérer d’un secret enfoui depuis l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Le jeune homme de 15 ans va alors se lancer à la recherche de ce passé, avec à ses trousses le temps que la maladie voudra bien accorder à son grand-père avant de l’emporter.