Prix Handi-Livres 2018 : Meilleur Roman

Prix Handi-Livres 2018 : Meilleur Roman

L’auteure

Cathy Bonidan est institutrice près de Vannes. Comme beaucoup, elle a commencé à écrire plusieurs romans sans en parler à quiconque avant de découvrir, par hasard, un réseau social d’auteurs et de lecteurs solidaires sur lequel elle a décidé de poster un de ses textes, signé sous un pseudonyme. C’est ainsi que Le parfum de l’hellébore a été désigné lauréat du meilleur roman du Prix concours monBestSeller de l’auteur indépendant 2015 et remarqué par les éditions La Martinière. L’histoire de son roman lui est venue d’un concours d’écriture qui proposait de construire une histoire à partir de cette citation de Marcel Pagnol : « Tout le monde savait que c’était impossible. Il est venu un imbécile qui ne le savait pas et qui l’a fait ».

A noter

Depuis sa parution sur un site d’auteurs amateurs et la récompense qu’il a obtenue en 2015, le roman de Cathy Bonidan a fait du chemin. En plus d’avoir été édité aux éditions La Martinière deux ans plus tard, il a reçu le Prix des lecteurs Notre Temps 2017 qui récompense chaque année le premier roman écrit par un auteur de plus de 50 ans.

Résumé

Derrière les grilles du centre psychiatrique Falret, s’épanouissent les hellébores, ces fleurs dont en pensait qu’elles soignaient la folie. Est-ce le secret de Serge, le jardinier taciturne qui veille sur les lieux, pour calmer les crises de Gilles ? Toujours est-il que le petit garçon, autiste de onze ans, s’ouvre au monde en sa présence.

Deux jeunes filles observent leur étrange et tendre manège, loin des grandes leçons des médecins du centre. Anne a dix-huit ans, c’est la nièce du directeur. Fuyant un passé compromettant, elle a coupé tout lien avec ses proches, si ce n’est sa meilleure amie, avec qui elle correspond en cachette. Elle se lie d’amitié avec Béatrice, malicieuse jeune fille de treize ans, qui toise son anorexie d’un œil moqueur, pensant garder le contrôle des choses.

Mais rien ne va se passer comme prévu. Dans ce roman lumineux et plein d’espérance, les destins de chacun vont se croiser, entre légèreté et mélancolie. La vie réserve heureusement bien des surprises.

Critique/Avis

Dans le cadre clos d’un centre psychiatrique, Le parfum de l’hellébore présente des qualités littéraires certaines mais également de nombreux atouts dans la manière d’aborder le handicap. Sur le plan de l’écriture, Cathy Bonidan mène avec une certaine audace son intrigue composée d’éléments de correspondance, d’un journal intime et d’une narration plus classique. Vigilante, on sent bien que l’auteure a pris la précaution de maintenir un style adapté aux années au cours desquelles ses personnages évoluent. En matière de handicap, Cathy Bonidan traite avec une réelle finesse – surtout dans la première partie du livre qui dépasse de loin la seconde – le basculement qui s’est opéré à partir de la fin des années 1950 pour envisager différemment les personnes atteintes de troubles psychologiques, notamment après les traumatismes de la guerre et les ravages provoquées par des expériences hasardeuses. À de nombreuses reprises, le personnage d’Anne se confronte à la facilité avec laquelle certains personnels renoncent à la prise en charge des crises de Gilles. Avec le personnage de Béatrice et l’écriture de son journal, l’auteure permet également d’accéder à de justes réflexions sur l’anorexie et les difficultés auxquelles sont exposées les personnes qui en souffrent.

L’histoire

Le parfum de l’hellébore est un roman dont la première partie de l’intrigue débute en septembre 1956 lorsque Anne, une jeune fille de dix-huit ans, est contrainte par ses parents à rejoindre la banlieue parisienne afin d’aller travailler chez son oncle, Jean-Pierre Falret, directeur d’un centre psychiatrique. Une décision imposée à la jeune fille pour des raisons qui seront connues du lecteur plus tard dans la suite du récit. Dans les lettres qu’elle envoie secrètement à son amie Lizzie, Anne raconte alors que malgré cette décision elle prend goût à son nouveau travail et notamment au comportement étrange d’un jeune garçon de onze ans atteint d’autisme, Gilles, surnommé par tous « le débile ». Alors que personne ne semble lui prêter attention, Anne prend le temps de garder une oreille attentive pour lui comme pour les autres patients du centre. C’est ainsi qu’elle fait également la connaissance de Béatrice, une patiente internée par ses parents pour traiter son anorexie et dont le lecteur découvre les pensées via son journal intime. Anne va alors se confronter à la radicalité des traitements de l’époque : Gilles condamné à l’asile alors qu’il ne cesse de progresser au contact de Serge, le jardinier de l’hôpital ; Béatrice, à qui on interdit le seul refuge qu’elle trouve dans la lecture. Osant discuter les théories de son oncle, elle comprendra malheureusement trop tard que celui-ci ouvrait la voie aux premières techniques respectueuses du patient souffrant de troubles psychologiques. La seconde partie du livre s’ouvre à notre époque et introduit le personnage de Sophie, une étudiante en psychologie qui effectue une thèse sur les jeunes placés en hôpital psychiatrique entre 1945 et 1960. À mesure que ses recherches avancent, elle apprend l’existence du centre Falret, détruit par un incendie en 1978, et découvre des documents qui la mettent sur la piste d’Anne et de Gilles, retraçant peu à peu le destin particulier de chacune de ces vies.