Prix Handi-Livres 2020 : les présélectionnés de la catégorie Coup de cœur

Affiche du Prix Handi-Livres 2020

5 ouvrages remarquables ont été présélectionnés cette année dans cette catégorie :

  • Avance, bordel ! de Samuel MARIE (Dunod)
  • Braves bêtes - Animaux et handicapés, même combat ? de Sunaura TAYLOR (Éditions du Portrait)
  • Des sentiments... comme les autres ! d'un collectif de l’Adapei de la Corrèze (Adapei de la Corrèze)
  • Traumatisme crânien, tu ne m’as pas oublié ! de Jean MICHEL (Auto-édition)
  • La petite femme du Père Noël de KOCHKA (Oskar Éditeur)
Avance, bordel ! de Samuel MARIE

Couverture du livre « Avance, bordel ! »« Une seringue enfoncée dans mes veines, une dose d’anesthésie, je quitte la scène… Quatre, trois, deux, un… Rideau ! […] Je m’appelle Samuel Marie, j’ai vingt ans et ma vie vient de basculer. » C’est ici le point de départ de ce livre : nous sommes le 26 juin 2008 et Samuel Marie, victime d’un accident de travail, devient tétraplégique. Un diagnostic sans appel, trente opérations et quatre ans de rééducation… il y avait de quoi sombrer. Samuel Marie a préféré que les choses avancent quitte à ce que ce soit le « bordel ». Dans son fauteuil comme dans son fourgon aménagé, le jeune homme a besoin d’ouvrir les horizons : « Espagne, Italie, Suisse… Boulimique, les yeux rivés sur la carte, je l’implore de m’emmener toujours plus loin. » Les premiers voyages confirment son goût de l’évasion mais aussi la nécessité d’un matériel adapté pour ne plus être dépendant de tiers et des aléas inconfortables. C’est là que née l’aventure « Sam fait Rouler » avec un nouveau camion de compétition aménagé et des auxiliaires de vie à recruter pour l’accompagner. En juillet 2017 commence pour lui la grande aventure : un roadtrip de six mois au Canada et aux Etats-Unis, puis un raid Paris-Pékin-Istanbul de quatre mois. C’est cette aventure qu’il raconte ici, avec son lot d’embûches mais aussi de contemplations, prouvant que handicap et résignation ne se conjuguent pas forcément quand on en a la détermination.

Braves bêtes - Animaux et handicapés, même combat ? de Sunaura TAYLOR

Couverture du livre « Braves bêtes - Animaux et handicapés, même combat ? »Avec Braves bêtes, Sunaura Taylor analyse la relation entre les études sur le handicap (Disability Studies) et les thèses antispécistes. Elle tend ainsi à démontrer que les discriminations qui touchent les personnes en situation de handicap s’apparent au statut réservé aux animaux. Son livre nous renseigne sur le concept et la pression du validisme (également appelé le « capacitisme »), un système qui « établit une hiérarchie entre les êtres, selon leurs capacités intellectuelles, physiques et affectives. »
Quelle influence joue notre capacité physique et mentale sur la compréhension de notre humanité ? Qu’est-ce qui différencie l’homme de l’animal, les handicapés des valides, et que signifierait faire tomber ces différences pour reconnaître l’animal et le vulnérable qui est en chacun de nous. Autant de questions abordées pour éclaircir le rapport entre le corps et la norme.
Dans le sillon des études du philosophe australien Peter Singer, Sunaura Taylor livre sa propre expérience de l’arthrogrypose et de son rapport au corps. Elle conclue qu’elle n’en voudrait pas un autre même si la possibilité lui était offerte, invitant son lecteur à envisager le handicap autrement que sous le prisme de la souffrance et de l’incapacité.

Des sentiments... comme les autres ! d'un collectif de l’Adapei de la Corrèze

Couverture du livre « Des sentiments... comme les autres »Cinq thèmes sont abordés dans ce livre qui donne la parole à des personnes en situation de handicap mental. Le bonheur, dans un premier temps, est pour eux indissociable de l’indépendance et de la liberté. Il s’agit d’être heureux à plein temps, « malgré la bêtise des autres » et grâce à des plaisirs simples : la danse, les amis, contempler la nature… et toujours un bonheur sans artifice.
Parfois ce bonheur cède la place à la colère, qui arrive « comme un flic défonce une porte ». Une colère qui est parfois plus maîtrisée et plus utile que chez bien des personnes quand elle devient ici un rempart contre les injustices. Parce que dans de nombreux témoignages, on constate en effet que le handicap a aussi été provoqué par un traumatisme brutal et violent qui a laissé son empreinte.
Mais la voix de ces personnes c’est aussi une parole d’amour. Des amours intenses parce que plus difficiles que les autres et aussi parfois contrariées quand le handicap prend le dessus et qu’il vaut mieux rendre sa liberté à son partenaire. Le regret est un autre thème fondamental de ces récits et magnifiquement résumé sous la plume de Maxime Lajoinie qui livre un texte en anaphore : « Regret de ne plus pouvoir envoyer bien copieusement se faire foutre la gravité. Regret de ne plus flirter avec les sommets, de ne plus frayer avec le soleil. […] Regret de ne pas redouter la solitude. […] Regret de ne pas occuper quatre murs et un toit. Seul. »
Le désir, enfin. Le désir d’un avenir, de rencontres humaines, de sentiments à ressentir. Mais aussi des désirs que l’on sait impossible mais que l’on garde quand même parce que ça fait du bien de les éprouver… tous ces désirs qui ne sont finalement que le désir de vivre.

Traumatisme crânien, tu ne m’as pas oublié ! de Jean MICHEL

Couverture du livre « Traumatisme crânien, tu ne m’as pas oublié »Le lecteur fait la connaissance de Jean Michel alors qu’il a 50 ans et s’apprête à occuper un nouveau poste dans l’aéronautique comme chef de projet. Un poste ambitieux compromis dès la première réunion par un malaise qui lui fait totalement échapper le sens des réalités et, quelques jours plus tard, le poste en question. Pour lui c’est le retour à la case départ mais surtout les questions qui se bousculent au sujet de ses pertes de conscience qui se répètent. L’auteur décide alors de dérouler le fil arrière d’un état qui s’est progressivement dégradé depuis le 11 mais 1993, jour où il s’est fait renverser par une voiture lors d’une sortie à vélo à l’âge de 23 ans : « Cet accident a entraîné un handicap caractérisé par des séquelles physiques et fonctionnelles et qui a modifié considérablement ma vie. L’aspect invisible de ce handicap revêt un rôle prépondérant dans le déséquilibre psychologique et émotionnel qui s’y ajoute. Je ne suis plus le même à l’intérieur, comme reprogrammé, différemment, pour la suite de ma vie sociale et affective. »
Entretiens d’embauche ratés, fatigues inexplicables qui se creusent par des insomnies, des moments d’inattention auxquels s’ajoute une indifférence inhabituelle lors des discussions ou des réunions, l’épilepsie, la qualité de travailleur handicapé qui n’a jamais été reconnue, une pression accrue dans le milieu professionnel qui glisse vers la mésestime de soi puis vers le burn-out en 2014, la séparation avec son épouse dont il s’éloignait de plus en plus... c’est toute une lente agonie qui est décrite dans ce livre afin d’alerter le grand public sur les conséquences éventuelles et invisibles du traumatisme crânien

La petite femme du Père Noël de KOCHKA

Couverture du livre « La petite femme du Père Noël »Rose d’hiver est auteure pour la jeunesse. Malgré son grand âge, elle continue de sillonner la France en train pour aller dans les écoles à la rencontre des enfants et évoquer son métier devant eux. À l’occasion d’une de ces rencontres scolaires, elle fait la connaissance de Noëlle, une jeune fille atteinte de la maladie des os de verre, de Pêche, Gaspard et de Max qui n’a jamais connu son père et qui n’a confiance en personne. Pendant la discussion, Rose explique aux élèves qu’elle croit aux fées et au Père Noël. Max, lui n’y croit pas car tous les adultes sont des menteurs. Mais Rose leur précise que lorsqu’on croit très fort en quelque chose, cela devient possible…
Après la classe, Noëlle attend Rose. Malgré son handicap, la fillette ne manque pas de courage ni d’audace. Puisque la vieille dame croit en l’existence du Père Noël, alors elle doit pouvoir lui présenter. Rose est un peu embêtée, mais un concours étrange de circonstances va les emmener dans un endroit que les hommes ont rayé de la carte. Dans ce lieu « magique », le Père Noël, les lutins et des hommes de bonne volonté travaillent à réinstaurer le rêve et la confiance dans le cœur des hommes. Grâce à Rose et à ce voyage féérique, Noëlle, Max et leurs camarades repartent plein d’espoir et de foi en la vie.


BONUS : Remise du Prix Handi-Livres au Coup de cœur du jury 2018