5 questions sur les annonces de la CNH 2020

Pancarte portant l'inscription : « Conférence national du handicap du 11 février 2020 »

Le chef de l’État, Emmanuel Macron, a détaillé mardi 11 février une série de mesures visant à apporter des solutions d’accompagnement à chaque personne en situation de handicap. Ces engagements, qui ciblent en particulier les enfants, représentent 600 millions d’euros d’investissement. Retours sur les principales annonces, leurs objectifs et les premières réactions des associations.

1. Pourquoi ces annonces interviennent-elles maintenant ?

C’est dans le cadre de la 5ème Conférence nationale du handicap (CNH) que ces engagements ont été présentés. Ce rendez-vous, prévu tous les trois ans depuis la loi Handicap de 2005, vise à « débattre des orientations et des moyens de la politique concernant les personnes handicapées ».

Cette conférence revêtait une importance particulière : elle s’est déroulée 15 ans jour pour jour après la Loi Handicap et intervient à la mi-mandat d’Emmanuel Macron. L’occasion pour le Président de la République de tirer un premier bilan et d’acter les grandes orientations à venir en matière de handicap.

2. Quels sont les objectifs poursuivis par ces nouvelles mesures ?

Le chef de l’État entend poursuivre trois grands objectifs. Le premier d’entre eux est pour le moins concret : permettre à chaque enfant handicapé d’avoir une solution de scolarisation à la rentrée 2020. Pour ce faire, 11 500 nouveaux assistants d’élèves en situation de handicap (AESH) seront recrutés d’ici à 2022. « En 2017, il y avait 55 000 accompagnants. Il y en aura 66 000 à la fin de l’année », a indiqué Emmanuel Macron.

Pour faire en sorte qu’aucune personne en situation de handicap ne soit laissée seule dans sa recherche de solutions, le deuxième objectif annoncé, un numéro de téléphone unique sera créé le 1er janvier 2021. Le « 360 » sera dédié à l'accompagnement et à l'accès aux droits de l'ensemble des personnes handicapées.

Par ailleurs, 1 000 nouvelles places seront créés en établissement spécialisés d’ici à 2021, alors que « 500 personnes en situation de handicap […] quittent chaque année la France, la plupart du temps pour la Belgique, faute d'un nombre de places suffisant », a rappelé de chef de l’État. Cela portera à 6 000 le nombre de places d’hébergement créées d’ici la fin du quinquennat.

Emmanuel Macron a fixé comme dernier objectif d’offrir à chacun « une vie digne et libre », en insistant sur le « droit d’être parent ». À partir de 2021, les aides techniques nécessaires aux parents handicapés d'enfants âgés de 0 à 7 ans seront intégrées à la prestation de compensation du handicap.

3. Quelles autres mesures clés ont été annoncées ?

Parmi la série d’engagements pris par Emmanuel Macron, l’extension du « forfait diagnostic et intervention précoce » vient renforcer la prise en charge des plus jeunes. Ce forfait, qui permet aux enfants de 0 à 6 ans et atteints d’autisme d'accéder à des bilans et à un début de prise en charge dès l'apparition des premiers troubles, sera désormais accessible jusqu’à 12 ans et ouvert aux jeunes atteints de « Dys » (dyslexie, dyspraxie, etc.)

Le maintien de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), versée à 1,2 million de personnes, a par ailleurs été confirmé, devant l’inquiétude des associations craignant une fusion de l’aide dans le futur revenu universel d'activité (RUA).

4. Qu’en pensent les associations du handicap ?

Si les associations représentatives des personnes en situation de handicap ont salué la présence d’une volonté politique et de mesures positives, elles restent dubitatives sur la faisabilité de certains objectifs et pointent des manques importants liés au handicap psychique, à la compensation, à l’accessibilité ou à la pauvreté.

Dans un communiqué, l’APF France Handicap s’interroge sur la capacité à scolariser chaque enfant en situation de handicap à la rentrée 2020 : « Y aura-t-il suffisamment d’enseignants spécialisés formés ? ». « La question des moyens ne se résume pas par des postes » a pour sa part indiqué sur France Info la vice-présidente de l'Unapei (Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales). Pour Corynne Husse, « la question fondamentale, c'est comment on transforme l'environnement et donc l'école pour accueillir ces enfants ». Concernant la création du numéro d'appel unique, elle alerte sur la nécessité de prévoir des interlocuteurs formés « pour répondre à des familles qui se retrouvent dans situations très complexes et très diverses ».

Si la prise en compte des aides à la parentalité et de l’aide à l’alimentation dans la prestation de compensation du handicap (PCH) est saluée, son niveau reste trop faible selon l’APF France Handicap : « Les tarifs et plafonds de la PCH ne sont pas revalorisés depuis 2006 et occasionnent toujours de lourds restes à charge, les assistants de communication pour les personnes aphasiques ne sont pas dans le périmètre de la PCH, il n’y a toujours pas de véritable PCH pour les enfants ».

Le maintien de l’AAH constitue quant à lui un motif de soulagement unanime.

5. Et maintenant ?

Les différentes mesures annoncées par le Président de la République vont être portés par les ministres et les administrations concernées et traduits en partie dans la loi. Pour réussir la bonne mise en œuvre de ces engagements et poursuivre les objectifs annoncés, une convention a été signée entre l’État, l’Assemblée des départements de France et 14 associations et fédérations. Elle porte sur plusieurs engagements d’ordre généraux, comme celui de « co-construire avec les personnes handicapées le principe et le moteur de la politique du handicap » ou alors de « faire de l'équité dans l'accès aux droits sur tout le territoire un impératif d’action ».

Le Gouvernement dispose d’un peu plus de deux ans pour démontrer son efficacité sur ce qui constitue l’une des priorités du mandat d’Emmanuel Macron.