Crise : l'emploi des personnes handicapées pas plus touché que celui du reste de la population...

Travailleuse en situation de handicap dans une cuisine

L’emploi des personnes en situation de handicap est fortement menacé par la crise sanitaire et économique actuelle. Néanmoins, le tableau de bord semestriel de l’Agefiph (association de gestion d’un fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées dans le privé) révèle que, pendant le premier semestre 2020, les personnes en situation de handicap ont été relativement épargnées. Ainsi, alors que le nombre total de demandeurs d’emploi a progressé de 5%, avec 700 000 emplois salariés perdus entre janvier et juin, le nombre de bénéficiaires de l’obligation d’emploi (BOE) sans emploi a baissé de « seulement » 3%, soit 14 000 demandeurs de moins.

Des difficultés d’insertion

Mais ces évolutions masquent une réalité plus contrastée : l’insertion et la reprise d’emploi des BOE restent difficiles. En effet, les flux de sortie du chômage ont fortement diminué pour ce public : les reprises d’emploi déclarées à Pôle emploi ont diminué de 30% au 1er semestre 2020 par rapport au 1er semestre 2019.

De plus, les demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’obligation d’emploi (DEBOE) présentent toujours des difficultés particulières d’insertion avec notamment :

  • un âge élevé : près de 250 000, soit 50 %, ont 50 ans ou plus (contre 26 % pour l’ensemble des publics),
  • un faible niveau de formation : seuls 177 000, soit 36%, ont un niveau supérieur ou égal au bac (contre 53% pour l’ensemble des publics),
  • un chômage de longue durée : à fin juin 2020, 61 % des DEBOE sont en chômage de longue durée, et 127 000, soit plus d’un DEBOE sur quatre, sont inscrits depuis plus de trois ans, leur nombre continuant à augmenter. L’ancienneté moyenne d’inscription est de 883 jours pour un DEBOE, soit 215 jours de plus que pour l’ensemble des publics.

Il est aussi à noter qu’environ 25% des DEBOE sont bénéficiaires de l’Allocation aux adultes handicapés (AAH), soit 124 000.

Second semestre : pas d’éclaircie en vue

Un rebond sur le front de l’emploi ne semble pas envisageable à court terme. D’après l’Insee, le PIB devrait reculer d’environ 9 % en 2020. L’emploi salarié pourrait se stabiliser durant ce second semestre mais le taux de chômage augmenterait nettement, après une baisse en trompe l’œil pendant le premier confinement où de nombreuses personnes sans emploi avaient interrompu leurs recherches. Et puis il y a désormais ce nouveau confinement…

Les mesures de l’Agefiph

Dès le début de la crise, l’Agefiph a mobilisé 40 millions d’euros pour financer des mesures exceptionnelles, complémentaires des aides de l’État et destinées aux entreprises et aux professionnels handicapés, qu’ils soient salariés ou indépendants. Ces mesures financent notamment la mise en place du télétravail, sécurisent l’emploi de personnes en situation de handicap malgré le contexte, facilitent la poursuite des formations à domicile ou l’embauche d’apprentis ou d‘alternant, et soutiennent les entrepreneurs handicapés.