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Numéro 3 - Laurent Garcia, député Modem de Meurthe-et-Moselle
Ancien Maire de Laxou, aujourd’hui député MODEM de la 2ème circonscription de Meurthe-et-Moselle, Laurent Garcia revient sur les politiques handicap, sa vision et son engagement. Il a accepté de répondre à nos questions. Rencontre.
Q1. Maire de Laxou, vous avez eu à cœur de sensibiliser les citoyens, et notamment les jeunes, au Handicap. Parmi les actions mises en place, laquelle vous a particulièrement marqué ?
La politique du Handicap, et plus particulièrement la prise en compte du Handicap, ne se résume pas seulement à une problématique d’aide à la personne, d’aménagements urbains et de domicile, de transports adaptés, de mise en cohésion des MDPH… Elle en passe par une évolution des esprits de chacun, et ce dès le plus jeune âge afin de comprendre qu’une différence ne fait pas toute la différence, qu’il ne faut point s’effrayer mais s’observer, s’écouter, et avancer au quotidien. L’évolution de la vision sociétale est à mon sens la condition sinequanone de l’évolution de la politique du Handicap.
C’est en partant de ce constat que des initiatives se multiplient, notamment dans les communes. Pour exemple, la ville de Laxou avec son activité « Handi Sensi », sensibilise les enfants valides aux difficultés rencontrées par les enfants porteurs de handicaps. Ainsi, l’action se présente sous la forme d’une activité périscolaire - dans le cadre de l’aménagement des rythmes éducatifs qui existent à Laxou depuis 1995 - ainsi que sur le temps d’accueil de loisirs durant les vacances scolaires. Encadrée par des animateurs spécialisés, son objectif est de faire découvrir les difficultés réelles rencontrées par les personnes porteuses de handicaps, au travers d'actions destinées aux personnes valides et en l’occurrence le sport. Les enfants sont ainsi amenés à pratiquer un sport en étant eux-mêmes mis en situation de handicap en utilisant du matériel spécifique. Ils développent ainsi une réelle prise de conscience, une compréhension de la différence qui permet de développer des notions de civisme et de citoyenneté envers les autres enfants porteurs de handicap.
Quelques exemples :
- torball : sport de balles adapté aux personnes déficientes visuelles, se jouant avec un ballon de caoutchouc contenant des clochettes permettant aux joueurs de le localiser. Permet de se déplacer et se situer dans l'espace. L’enfant qui participe est mis en situation de déficient visuel pour jouer.
- boccia : sport de boules inspiré de la pétanque, les boules étant remplies de billes de plastique. Permet de situer des objets dans l'espace. L’enfant qui participe est mis là aussi en position de déficient visuel pour jouer.
- basket en fauteuil roulant : permet de comprendre les difficultés quotidiennes des personnes se déplaçant en fauteuil. Les enfants sont effectivement en fauteuil roulant pour jouer au basket.
- sarbacane : permet de se rendre compte des difficultés des personnes souffrant de problèmes respiratoires. L’outil est adapté pour une mise en situation simulant une capacité respiratoire amoindrie.
« Handi Sensi » remporte un vif succès auprès des enfants qui font preuve d'une grande solidarité lorsque leurs camarades se trouvent en situation de handicap.
Q2. Quel regard portez-vous sur les politiques publiques du Handicap menées par le Gouvernement ?
Il s’agit de prendre le problème à bras-le-corps. Depuis 40 ans, de nombreuses lois ont été votées pour mieux intégrer les personnes handicapées dans la société, dans le monde du travail. Or on se rend bien compte que malgré toutes ces dispositions législatives, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à une société véritablement inclusive.
Les lois de 1987 et 2005 ont, en leur temps, constitué des avancées majeures notamment sur les obligations d’emploi de travailleurs handicapés. Néanmoins, force est de constater que les résultats ne sont pas satisfaisants. Si un premier signal positif a été envoyé cette année avec l’augmentation de l’allocation adulte handicapé (AAH) qui atteindra à terme 900 euros (novembre 2019), il s’agit d’œuvrer en profondeur.
Le comité interministériel sur le handicap qui s’est tenu en septembre dernier a permis de donner une nouvelle impulsion à la politique du handicap en France en fixant de grands objectifs à 5 ans : Réduire l’écart entre le taux de chômage des personnes handicapées et celui des personnes valides ; Faciliter l’embauche et le maintien en emploi des personnes handicapées par les employeurs publics et privés dont les TPE-PME ; Rénover l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés, la transformer en levier pour une entreprise plus humaine, plus responsable et plus performante ; Augmenter le niveau de qualification des demandeurs d’emploi et des salariés handicapés ; Mieux accompagner et sécuriser les transitions entre l’Éducation et l’Emploi.
De plus, le mois dernier, Dominique Gillot, présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) a remis un rapport contenant de nombreuses propositions visant à favoriser l’emploi des personnes handicapées, mais aussi à mieux soutenir les aidants.
Par ailleurs, le titre 3 du projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel examiné le mois dernier à l'Assemblée Nationale consacrait plusieurs articles à la simplification des dispositifs d'emploi des personnes en situation de handicap.
Ainsi, les jalons d’une politique sociale du handicap ont été posés en ce début de mandature. Il s’agit désormais de travailler de procéder aux réformes et ajustements nécessaires, dans une dynamique collective et transversale (impliquer l’ensemble des ministères, comme l'avait indiqué le Premier Ministre). Au travail !
Q3. Quelle est la vision portée par le MoDem en matière de Handicap ?
Le groupe mouvement démocrate et apparentés s’inscrit pleinement dans la logique d’une société plus inclusive.
Le Gouvernement a annoncé que la politique du Handicap figurait parmi ses priorités, nous nous engageons à ce que cet engagement soit tenu à l’Assemblée. Ainsi, depuis le début de cette législature, les députés du groupe s’investissent et sont pro-actifs sur la question du handicap.
Par exemple, lors de l’examen à l’Assemblée Nationale du projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, plusieurs amendements relatifs à l’intégration des personnes en situation de handicap dans l’emploi ont été proposés et adoptés par notre groupe. Ainsi, une proposition de Nathalie Elimas fixant le seuil plancher de 6% des effectifs d’une entreprise pour l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés a été adopté en commission des affaires sociales. Il ne sera donc pas possible de revoir ce taux à la baisse.
Par ailleurs, en séance publique, des amendements du MoDem permettant de faciliter l’accès des travailleurs handicapés au télétravail, au compte personnel de formation de transition ou à l’apprentissage ont été adoptés.
Il s’agit pour nous de saisir toutes les opportunités qui nous sont données pour réfléchir et proposer des mesures concrètes qui auront des répercussions rapides et efficientes.
Selon nous, le fondement d’une société véritablement inclusive repose sur plusieurs piliers :
- Un accompagnement adapté (dans la vie quotidienne, les démarches administratives et dans l’insertion sur le marché du travail) ;
- Une sécurisation des parcours professionnels pour maintenir de manière durable les personnes handicapées dans l’emploi (mobilisation des employeurs privés comme publics, ciblage des besoins, meilleure transmission des informations) ;
- Une véritable coordination de l'ensemble des acteurs médicaux, sociaux et institutionnels.
Nous sommes également sensibles au rôle des aidants qui accompagnent au quotidien les personnes en situation de handicap et devraient, devront devrais-je dire, bénéficier d'un statut véritablement approprié d'ici la fin du quinquennat.