Handi-Livres 2015 : Meilleur Guide

Handi-Livres 2015 : Meilleur Guide

Les auteurs

Une trentaine de personnes issues d’horizons différents, la plupart étant chercheurs, ont contribué à la rédaction de cet ouvrage.

Valérie Delattre est archéo-anthropologue à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) et chercheur titulaire, à l’Université de Bourgogne. Spécialiste des pratiques funéraires et culturelles de la Protohistoire au Moyen-Âge, elle a publié de nombreux articles et contributions sur le traitement spécifique réservé aux tout-petits et a revisité la religion celtique. Depuis quelques années, elle se spécialise dans l’étude des situations de handicap du passé. Hormis quelques vagues notions sur l’eugénisme grec, de vagues souvenirs universitaires sur la cour des Miracles, elle s’est aperçue que l’étude des comportements, de l’inclusion ou de l’exclusion des personnes handicapées n’était pas un sujet suffisamment traité.

Ryadh Sallem est le président fondateur de CQFD et de CAP SAAA (CAP Sport Art Aventure Amitié), une association 1901, née de l'enthousiasme d'un groupe d'amis en majorité porteurs de handicaps, qu'une même vision positive et énergique du handicap anime depuis l'enfance. Il s’investit pour le droit à la différence et la valorisation du handicap depuis plus de 25 ans, dès sa sortie des instituts médicalisés. Athlète de haut niveau, champion du monde de natation, comptant à son actif des titres européens et plusieurs participations aux Jeux Paralympiques en basket fauteuil et rugby fauteuil. Il possède une approche complète du handicap (moteur, mental et psychique) si l’on considère les missions qu’il conduit au quotidien, avec une personnalité et un degré d’expertise qui lui ont permis d’être président du Comité régional du sport adapté d’Ile-de-France. Il est également administrateur de la Fondation de France, de la Fondation Gécina et vice-président du CROSIF (Comité Régional Olympique et Sportif d’Ile-de-France), responsable de la section « diversité ».

A noter

Valérie Delattre et Ryadh Sallem avaient déjà conjugué leurs curiosités et leurs enthousiasmes pour que naisse, en 2009, l’ouvrage Décrypter la différence : lecture archéologique et historique de la place des personnes handicapées dans les communautés passées (Éditions CQFD), qui avait été récompensé par le prix Handilivres 2011.

Résumé

« Handicap : affectivité, sexualité et dignité » sont des mots qui résonnent étroitement avec « liberté, égalité, fraternité » et avec le même sens donné aux « DÉFIS DE CIVILISATION ». Comment multiplier les établissements dits « de vie » sans prendre en compte la vie affective des résidents ? Comment concilier les différentes contradictions législatives ? Comment permettre et faciliter l’accès de tous à une sexualité, quelle qu’elle soit ? Cette thématique forte et émouvante, parfois douloureuse et dérangeante se devait d’être à l’honneur, au fil de rencontres et d’échanges. Selon le principe de la mosaïque, du fantasme élaboré au choix d’un projet de vie, de l’accompagnement sexuel à la révolution des mœurs, se succèdent dans cette publication, des spécialistes, des sociologues, des thérapeutes et des accompagnants. Mais aussi et surtout des témoins. Des fragments de vie. Ce sont autant de questions sensibles qui sont abordées avec dignité mais sans faux-semblant, dans un ouvrage dédié à l’humanité dans ce qu’elle a de plus intime, de plus méconnu mais surtout de plus respectable. La lecture de cet ouvrage, en pointillé comme en continu, sera fructueuse et enrichie d’un nouveau regard Il faut que les poncifs tombent en poussière, que les tabous s’écroulent pour laisser place à des réflexions constructives et libérées de toute entrave moralisatrice.

Critique/Avis

Ce nouveau livre collectif de Ryadh Sallem et Valérie Delattre prolonge un colloque qui avait été organisé en novembre 2010 par CQFD et la Mairie de Paris, dans le cadre du « Mois Extraordinaire » et qui portait précisément sur le même thème. Mais il ne s’agit pas d’un simple acte de colloque puisque de nombreux ajouts y ont été apportés pour donner la voix à des critiques émises lors de cette rencontre ; par des mouvements féministes, des élus, etc. Le sujet avait alors été déplacé de son origine puisque les organisateurs étaient accusés de faire l’apologie du proxénétisme et de la prostitution. Ce livre apparaît comme une réponse en bonne et due forme à ce procès d’intention en remettant la personne en situation de handicap au centre du débat, selon le projet de vie propre à chacun. Les articles qui se succèdent posent sans doute des questions dérangeantes, principalement celle des assistant(e)s sexuel(le)s, mais avec une grande clairvoyance et beaucoup de pudeur. Le débat étant mené publiquement dans la société française depuis de nombreuses années, il semble parfaitement à propos de l’élargir aux personnes en situation de handicap comme il est fait ici, avec cette volonté de « Dignité » que les auteurs ne cessent de revendiquer.

L’histoire

L’ouvrage dirigé par Ryadh Sallem et Valérie Delattre compile trente contributions qui invitent à réfléchir aux besoins et aux attentes des personnes en situation de handicap, en matière de vie affective et sexuelle. Les auteurs, issus d’univers différents, apportent leurs expériences et leurs méthodes respectives pour envisager la personne dans son projet de vie, comme le suggère la loi de 2005. À l’unisson, ils posent la question de l’intimité de ces personnes et comment celle-ci doit être reconnue et organisée : davantage de dignité et moins de marginalité. Les problématiques soulevées sont à la fois théoriques, morales mais aussi très concrètes : quelle prévention des conduites à risques ? Le droit à la parentalité ? Le règlement intérieur au sein des institutions compétentes doit-il permettre la vie de couple et dans quelle mesure ? Et, bien entendu, la fameuse question des assistant(e)s sexuel(le)s en matière de handicap. Autant de questions posées que d’expériences partagées dans cet ouvrage qui s’attaque à un sujet aussi épineux qu’émouvant.