Handi-Livres 2015 : Meilleur Livre Jeunesse Enfant

Handi-Livres 2015 : Meilleur Livre Jeunesse Enfant

L’auteur

Sylvie Deshors est née en 1957 et vit dans la région lyonnaise, où elle travaille dans une bibliothèque. Mais avant ça, elle a exercé toutes sortes de métiers : à 20 ans elle veillait des patients dans un hôpital psychiatrique, puis change pour devenir costumière, ouvrière, ébéniste, etc., toujours avec un livre et un carnet dans son sac. Elle aime écrire et principalement sur les vies en marge, avec l’espoir que le chemin tout tracé des uns croise celui des autres. Son sujet de prédilection devient les « gens pour qui exister est tellement compliqué ». Elle confesse volontiers vouloir « ouvrir sa petite valise et, avec quelques mots, deux ou trois fleurs et quatre cailloux, tenter de les rendre légers. » Mais surtout elle écrit parce que « devant la beauté d’une aile de papillon, un rire dans les yeux, un reflet sous la pluie, mille et une émotions [la] traversent. » Écrire est enfin pour elle « une façon d’accoster l’autre, aller vers l’ailleurs », de la même manière que d’autres « dessinent, plantent, soudent, rêvent. »

A noter

Malik Deshors est l’illustrateur de cet ouvrage. Né en 1981, il a fait les Beaux-Arts d’Angoulême et les Arts décoratifs de Strasbourg. Il est auteur de BD et anime des ateliers d’illustration pour les enfants. Lui et Sylvie Deshors ont déjà publié un livre aux éditions Rue du Monde, Sensha, fille de Mongolie (2012).

Résumé

Thibo vient de déménager. Nouveau quartier, nouvelle maison, et enfin une école « normale », comme il dit. Mais, bien vite, il comprend que malgré ses efforts, il a du mal à se faire accepter tel qu’il est, lui et ses appareils auditifs. Un matin, c’est trop : malgré le sourire de sa copine Lou, Thibault disparaît.

Critique/Avis

Roman écrit à la première personne, où tout passe par le regard du héros « malgré lui », Sylvie Deshors fait preuve d’une grande rigueur dans le détail des difficultés de Thibo : supporter et entretenir les appareils auditifs, passer d’une langue à une autre lorsqu’il aborde l’anglais, se déplacer en ville... Sous- jacente, la dimension documentaire éclaire la réalité vécue par les enfants sourds. En empathie avec son héros, et pour les besoins de l’intrigue, elle dénonce les petitesses fréquentes du milieu scolaire. Madame Chevalier, enseignante enfermée dans ses certitudes, cristallise, au risque d’une certaine caricature, les lourdeurs et incapacités de notre société à accepter les différences – de façon un peu trop moralisatrice peut-être. Mais Sylvie et Malik Deshors parviennent à entraîner le lecteur dans l’itinéraire de Thibo : les jeunes lecteurs l’adopteront. Un petit roman efficace et très accessible à tous.

L’histoire

À la veille de son entrée en CM1, Thibo et sa famille déménagent dans une petite ville tranquille et accueillante. Thibo, bon élève, trouve en Lou et Mathias des compagnons d’école pour s’intégrer aisément même s’il ne joue ni au foot ni au rugby ! Tout irait bien, si Madame Chevalier, l’enseignante, prenait en compte et acceptait la surdité de Thibo. Isolé par son handicap, Thibo est l’objet de brimades et de moqueries lorsqu’il déforme les mots, n’est pas réactif aux questions, ou préfère l’écrit à l’oral. Plusieurs épisodes dramatiques – une chute de vélo parce qu’il n’entend pas une voiture arriver ou sa fuite de l’école – rythment ainsi le parcours de Thibo dans son combat pour se faire accepter tel qu’il est.