Prix Handi-Livres 2023 : les présélectionnés de la catégorie Roman

Prix Handi-Livres 2023 : les présélectionnés de la catégorie Roman

Lors de cette édition 2023, 5 œuvres sont en lice pour être primées :

  • L’aveuglé d'Anne Lorho (Éditions Mercure de France)
  • Le Réveil d’Anaïs de Luc Leprêtre (Éditions Anne Carrière)
  • L’engravement d'Eva Kavian (Éditions La Contre Allée)
  • Si fragiles et si forts d'Elisabeth Segard (Éditions Eyrolles)
  • Sortie de taire de Nadia Teitler (Éditions Edita)
L’aveuglé d'Anne Lorho

Couverture du roman « En situation de handicap... dans le futur » Guillaume a neuf ans quand un accident domestique avec le four lui fait perdre l’usage de la vue et entraîne une amputation de son nez. Défiguré, avec des pansements partout sur le visage, c’est vers New York que le personnage va aller chercher un peu d’espoir auprès d’un chirurgien susceptible de réparer les dégâts esthétiques causés par son accident. Dans la grande ville anonyme, Guillaume découvre alors le monde sous le prisme de son handicap : « J’ai le handicap en moi, au fond de moi, affreusement ancré, et pas seulement sur mon visage. Il est aussi au fond du ventre, au centre de mon corps, au plus profond et pour toujours. »
Ne supportant pas sa cruelle cécité et pour apparaître autrement sous le regard de ceux et surtout de celles qu’il rencontre, le personnage d’Anne Lorho va développer le pendant loufoque et extravagant de lui-même : Guillaume se fera désormais appeler William, informaticien dans une banque il s’invente artiste-plasticien, mange un ver de terre, prend des bains de cheveux de femmes, etc. Mais malgré toutes ses tentatives pour cacher son handicap au reste du monde, et surtout à lui-même, celui-ci le rappelle inlassablement à sa vie de ténèbres. Quatre chapitres d’une vie intérieure tourmentée à laquelle un épilogue heureux permettra à Guillaume de rompre avec son intranquillité.

Le Réveil d’Anaïs de Luc Leprêtre

Couverture du roman « Horizon berbère » Trente-huit semaines, c’est le temps qu’il aura fallu à Anaïs pour apprendre à se redécouvrir après avoir appris qu’elle souffrait d’une myélite et que probablement elle ne remarcherait pas. Trente-huit semaines pendant lesquelles la colère a fait place peu à peu à la volonté d’apprendre à vivre autrement quand tous les repères physiques mais aussi psychologiques sont bouleversés : « Tout était modifié, inversé et le rythme quasi hiératique de l’hôpital ajoutait au goût amer de la dépossession du corps, la sensation totale de perte de contrôle. » Alors que ceux qui entouraient Anaïs jusqu’à présent se révèlent tour à tour inadaptés à ce qu’elle traverse, la jeune femme intègre un centre de rééducation fonctionnelle où elle aura la chance d’avoir Charly pour voisine de chambre, une médecin-cheffe épatante, un kinésithérapeute qui soigne en comédies musicales et aussi un invité mystère resurgi du passé. Avec eux, Anaïs va reprendre sa vie en main et peut-être aussi lui donner le sens qu’elle avait perdu...

L’engravement d'Eva Kavian

Couverture du roman « Les lueurs du festival » Cela se resserre souvent à partir de l’arrêt de bus pour former « la horde anéantie » ou la « cohorte maudite » ; d’une façon générique Eva Kavian les appelle « le troupeau » : des familles qui parcourent le trajet tête baissée pour aller « rendre visite à leur drame » qui s’appelle Manon, Jonas, Tom, Mira ou encore Claudy. Que des jeunes adultes que la maladie ou la violence de la vie a portés entre les murs d’un hôpital psychiatrique. Écrit à la deuxième personne (tu et vous), ce récit fait du lecteur le témoin de la solitude qui règne à chaque extrémité de l’allée, dans une succession de scènes fortes où s’expriment le tourment, l’inquiétude, l’espoir aussi, mais qui laisse souvent place à l’illusion. Des vies enlisées, fracassées et qui ont donné à l’auteure l’idée de ce titre (L’Engravement) qui signifie l’enlisement pour un bateau déjà ensablé.

Si fragiles et si forts d'Elisabeth Segard

Couverture du roman « Les mots d’Hélio » Gab a neuf ans et de nombreux et fluctuants projets d’avenir. Après s’être rêvé archéologue mettant au jour des squelettes de dinosaures, il s’imagine dénicheur de trésors. Cette récente vocation est née d’un cadeau offert par sa mère, La Grande aventure du petit tambour de Napoléon, un livre selon lequel l’Empereur aurait remis une médaille à un jeune tambour, avant son départ en exil en 1815. Le garçonnet est persuadé que ce trésor est dissimulé quelque part aux Invalides, là où se trouve le tombeau de Napoléon.
À cœur vaillant (et naïf) rien d’impossible, il met à profit les quinze jours de vacances où il est supposé rester sagement dans l’appartement où il vit avec sa mère pour se rendre aux Invalides et y mener des investigations. Là-bas, il fait la connaissance d’Abdel, un vieux spahi, rattrapé par ses blessures de guerre et qui réside dorénavant à l’hôpital des Invalides. Ému par la candeur de l’enfant, remué par les questions que celui-ci lui pose, l’ancien soldat se prend au jeu de cette quête qui le sort de sa routine.
Cette recherche va peu à peu fédérer autour du vieil homme et de l’enfant d’autres résidents de l’hôtel des Invalides : Maurizio, le cabotin, Isabelle, la muette, Aurélie et sa mémoire de poisson rouge ainsi que Jules et ses colères dévastatrices. Cette équipe de cabossés de la vie, accueillis aux Invalides après des parcours très différents, se lance dans cette aventure. Elle les distrait de leur quotidien, des séances de rééducation, des soins et de la lente réappropriation d’un corps qui ne sera plus jamais comme avant « l’accident ».

Sortie de taire de Nadia Teitler

Couverture du roman « Murène » Construit en trois parties, Sortie de taire suit l’itinéraire pendant deux ans de Gatien, un jeune trentenaire qui souffre d’un bégaiement depuis l’enfance. Dans la première partie du roman, Roi de l’esquive, le lecteur expérimente avec Gatien le stress d’un quotidien dans lequel il est périlleux de s’exprimer. Faire ses courses, commander un plat au restaurant, discuter avec son entourage, autant de situations ordinaires qui deviennent un véritable parcours du combattant pour une personne qui n’arrive pas à extirper ses mots. Évitements, peurs, sentiments de honte et de solitude, voilà ce qui domine les émotions de Gatien.
Jusqu’au jour où le héros décide d’affronter son handicap et de sortir de son isolement pour se confronter au monde. Cette deuxième partie est celle d’une rééducation au cours de laquelle Gatien apprivoise son bégaiement mais apprend aussi à ne plus le dissimuler. La relation avec son entourage se transforme progressivement et des sentiments nouveaux – l’amour et l’amitié – s’ouvrent désormais au jeune homme dans son champ des possibles.
Dans la dernière partie, Et vous ?, Gatien commence à avoir une vie sociale grâce au travail d’acceptation de son handicap qu’il a accompli. Bien sûr, certains mots coincent toujours mais au lieu de se murer dans le silence il s’exprime et va à la rencontre des autres avec une tendresse et un humour retrouvés.

BONUS : Annonce du lauréat 2020 de la catégorie Roman